200 biographies de femmes ? Faciles à lire, illustrées et accessibles dès 6-8 ans ? « Histoire du soir pour filles rebelles 2 » c’est une chouette nouvelle avant Noël !
Les histoires sont courtes (1 biographie = 1 page) et c’est appréciable à 20h15 quand l’énergie parentale est au ras des pâquerettes. Elles ne contiennent pas de vilains clichés. Seule fausse note, le titre « Histoires du soir » n’est là que parce qu’il rime. Les histoires sont méga-vivifiantes ! A moins que vos minus aient pour habitude de se gonfler de joie, d’espoir et de se sentir archi-vivant.es juste avant de dormir : BinOcle préconise plutôt cette lecture au réveil.
Les activités et les métiers exercé.es par ces femmes, issues de nombreux pays et de différentes époques, sont varié.es : tatoueuse, pharaonne, pirate, cheffe cuisinière-espionne, archéologue, reporter ou encore impératrice, femme politique, surfeuse, guerrière et même chimiste-cristallographe… De quoi garder grand ouvert le champ des possibles des filles … ET DES GARÇONS ! Oui, au contraire même !!! Une occasion de ne pas louper les petits gars de CM2 qui ont incorporé dur comme fer, que « bahhh… les filles c’est trop nul ».

Ah ! « Pourquoi il n’y a que des filles dans ce livre ? »

Parce que l’histoire (longtemps écrite par des hommes) a invisibilisé les femmes. Et qu’hélas, ça ne s’améliore pas vite : en 2018, combien d’élèves auront entendu parler du double-travail des femmes pendant la guerre 14-18 ? Combien de femmes figurent dans les frises accrochées aux murs des classes des écoles publiques en France ? (Jeanne d’Arc + Marie Curie = 2). Les enseignant.es ont besoin d’une formation systématique sur les inégalités de sexe, puis de dégager du temps pour imaginer les changements qui leur permettront de suivre les préconisations des multiples rapports sur les inégalités filles-garçons dans le système scolaire.

Surtout, il y a une telle sur-représentation des héros et des personnages masculins dans les livres pour enfants (voir l’étude de Sylvie CROMER sur les stéréotypes de sexe dans les albums illustrés) qu’on finit par ne même plus se rendre compte de l’infériorité numéraire des filles dans la littérature jeunesse … Mais si des ouvrages osent proposer d’inverser la tendance, alors là on crie au scandale ! On peut peut-être quand même contre-balancer ces siècles d’infériorisation et d’invisibilité des femmes en zoomant 4-5 heures, sur les destins oubliés de 200 femmes, nan ?
D’autant que le changement ne viendra visiblement pas des éditeurs traditionnels, moins épris de justice sociale que de ventes, qui continuent à produire davantage d’ouvrages avec des personnages masculins… ralliés au fait que les garçons acceptent moins de lire des livres « de filles » (« c’est trop nul »), que les filles de lire des livres « de garçons ».

Nota bene : vous ne trouverez pas dans ces 2 ouvrages de fille passive, douce, à la beauté épou-stou-flante, attendant qu’un homme valeureux vienne la choisir, la sauver, l’embarquer, l’engrosser, l’exploiter (pelà… je m’égare) ; mais des femmes malignes, passionnées, courageuses, combatives, stratèges, confiantes, curieuses, solidaires et joyeuses !

En résumé : deux albums géniaux, un travail admirable. En plus les illustrations sont canons.
Francesca CAVALLO et Elena FAVILLI, Histoires du soir pour filles rebelles 1 et 2, les Arènes, Italie, octobre 2017 et octobre 2018 / 19,90 euros chaque ouvrage.
Vendus en ligne par la libraire féministe Violette and Co